Fourth Day

Quel avenir pour la presse écrite ?

La presse écrite est en déclin. Ce n’est pas une surprise, mais où sont passés tous les lecteurs ? Notre collègue Rachel tente, au travers de cet article (dont la version originale a été publiée sur notre blog anglais), de répondre à cette question !

 

Les chiffres de diffusion sont en chute libre, les imprimeries ferment, l’âge moyen des lecteurs de journaux augmente et les jeunes générations passent de plus en plus de temps en ligne. Dans ces conditions, les éditeurs doivent ils s’avouer vaincus et consacrer tous leurs efforts au numérique, ou y a-t-il une raison de poursuivre des tirages de plus en plus coûteux ?

 

Un climat morose

 

Le déclin de la presse “papier” a débuté depuis pas mal d’année en France. Mais, cette année, le Royaume-Uni a assisté à une chute spectaculaire de la distribution des journaux et des magazines. La dernière analyse mensuelle des chiffres de diffusion des journaux nationaux ABC réalisée par Press Gazette le confirme. L’Evening Standard a subi la plus forte baisse, avec une distribution en recul de 27 % par rapport à octobre 2022. La dernière fois qu’il a été aussi bas – moins de 300 000 exemplaires – c’était lorsqu’il est devenu un journal gratuit en 2009. La situation n’est pas plus réjouissante pour les titres que les lecteurs achètent ou auxquels ils s’abonnent : entre 2010 et 2022, leur nombre d’exemplaires imprimés a diminué de 70 %.

 

La nécessité de se réinventer

 

Au cours de cette période, les publications se sont efforcées d’offrir une expérience en ligne susceptible d’attirer et de fidéliser les abonnés. Le lancement de l’iPad en 2010 a donné naissance à un nouveau format de lecture. Il s’agissait d’une opportunité pour les publications déjà confrontées à une diminution du nombre de lecteurs de la version imprimée, et elles ont certainement relevé le défi, en produisant des mises en page d’écran attrayantes et du contenu supplémentaire, y compris de la vidéo et de l’audio.

 

Malheureusement, leurs efforts n’ont pas été pleinement récompensés : les éditions numériques ne représentent qu’environ 5 % de la diffusion totale, selon le Guardian. Dans un récent rapport de Reuters sur l’actualité numérique, 65 % des personnes interrogées au Royaume-Uni (sur la base d’un sondage réalisé auprès de 2000 personnes) ont déclaré que rien ne pourrait les inciter à payer pour des informations en ligne. D’autres personnes non abonnées ont déclaré qu’elles pourraient envisager de payer pour s’abonner si c’était moins cher ou si cela offrait plus de flexibilité, comme l’accès à plus de titres.

 

Tactilité vs commodité

 

La flexibilité pourrait être une voie vers le succès. Bien que nous soyons abonnés à certains magazines et journaux, nous ne voulons pas toujours nous engager dans un abonnement annuel, car l’achat de publications peut aussi être occasionnel.

 

Au Royaume-Uni, beaucoup achètent les journaux du week-end que lorsqu’ils ont le temps de les lire et les associent à la détente et au rituel : il a été question d’étaler les journaux pendant le déjeuner du dimanche au pub, et même de les lire dans le bain ! L’information en ligne est pratique, mais c’est l’expérience tactile et le temps passé loin de l’écran qui font l’attrait de l’imprimé.

 

L’imprimé a donc encore ses adeptes, mais la faible demande sur le marché britannique des magazines, ainsi que l’augmentation du coût du papier, ont gravement affecté l’industrie de l’impression, et il ne reste plus qu’une seule grande entreprise d’impression – Walstead – au Royaume-Uni depuis cette année. L’impression des magazines est coûteuse : chaque exemplaire de sa publication coûte 7 livres sterling à produire.

 

C’est impressionnant ! Alors pourquoi le faire ? Selon lui, le jeu en vaut la chandelle, car ses lecteurs l’achèteront ou paieront pour y figurer. Ils veulent un exemplaire de haute qualité et durable à afficher à la réception de leurs bureaux et de leurs sites pour que leurs visiteurs et leurs employés les voient en pleine gloire sur papier glacé. Si vous souhaitez donner de la visibilité à votre marque, rien ne vaut le fait de vous voir imprimé.

 

Les réseaux sociaux, principaux concurrents des médias traditionnels

 

Qu’ils produisent du contenu en ligne ou imprimé, les éditeurs savent que la véritable concurrence ne se joue pas entre le Web et l’imprimé, ou entre les publications, mais entre les médias sociaux et le temps passé par les internautes. L’article du Guardian a comparé le temps passé par les internautes sur les 100 premiers sites web de magazines britanniques au temps passé sur YouTube, Facebook, TikTok et Instagram. Résultat : la proportion est infime, allant de moins de 1 % du temps passé sur YouTube à 7,4 % sur Instagram.

 

Il s’agit en grande partie d’une situation générationnelle, les moins de 30 ans étant plus enclins à s’informer sur les médias sociaux que sur les sources traditionnelles. Il s’agit de savoir comment ils préfèrent consommer du contenu, et le type de contenu qu’ils veulent. L’agence Reuters a constaté que les jeunes sont rebutés par les informations dans un format traditionnel, car elles ne leur semblent pas pertinentes ou accessibles, ou ils préfèrent entendre parler de divertissement plutôt que de dures réalités.

 

Peut-être seront-ils au pub avec les journaux du dimanche étalés, le lendemain de leur 30e anniversaire, savourant l’acte de tourner les pages. L’une des beautés de la presse écrite est qu’on peut en prendre un exemplaire quand on en a envie, sans s’engager dans un abonnement. Vous pouvez accéder à tous les articles sans vous heurter à un mur payant. Ensuite, lorsque vous aurez suffisamment régalé vos yeux, vous pourrez le passer à la déchiqueteuse ! L’avenir de la presse papier est loin d’être fini.

The author

Cindy est consultante RP senior au sein de Quatrième Jour. Elle est également responsable de notre agence de Casablanca.

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