Breaking the Fourth Wall... avec Carmel Giblin d'ESCP
By Cindy Mouchard
D ans cette deuxième édition de Breaking the Fourth Wall, Nikki Scrivener s’entretient avec Carmel Giblin, présidente et CEO de l’ Ethical Supply Chain Program, sur les enjeux RSE, le greenwashing et la communication dans les chaînes d’approvisionnement des entreprises.
Q : Comment les entreprises devraient-elles communiquer sur leurs initiatives RSE sans risquer d’être accusées de greenwashing ?
Les entreprises doivent être transparentes et claires dans leurs communications. Elles doivent expliquer ce qu’elles font et être honnêtes sur l’impact positif ou négatif de leurs activités sur la société. Il s’agit d’expliquer comment elles amplifient les aspects positifs et abordent les aspects négatifs. Toutes les entreprises auront un certain impact négatif, et elles ne doivent pas en avoir honte. Expliquer la nécessité de leurs opérations et ce qu’elles font pour réduire ou éliminer tout dommage contribue à instaurer la confiance.
Bien sûr, on ne peut pas simplement dire qu’on fait bien. Il est important de montrer des preuves, et pas seulement des intentions. Il est acceptable de tester et d’apprendre, mais il faut communiquer les résultats de tout programme pilote, expliquer ce qu’on a appris et exposer ce qu’on prévoit de faire pour étendre ou réviser le plan.
Je recommande aussi de ne pas exagérer les réalisations positives en partageant des exemples de quelques petits projets pilotes qui n’ont jamais été étendus. Soyez cohérents, partagez des données et n’ayez pas peur de dire que quelque chose n’a pas fonctionné. Partager des échecs aide les autres et renforce vos capacités.

"Nous mettons fin à notre relation avec certains membres uniquement lorsqu'ils refusent catégoriquement de remédier à la situation. Nous avons réalisé qu'il était bien plus judicieux de soutenir les entreprises dans l'amélioration de leurs standards. En continuant à les engager, nous protégeons les emplois et améliorons les conditions de travail."Carmel Giblin Présidente & CEO de l'Ethical Supply Chain Program
Q : Pensez-vous que les entreprises devraient se sentir responsables de parler de leurs initiatives RSE et encourager la conversation ?
Je serais prudente à l’idée de dire simplement que nous faisons ce qu’il faut. Il s’agit davantage de dire que nous ferons toujours de notre mieux pour faire ce qui est juste et, surtout, essayer de ne causer aucun tort. Comme je le dis, toutes les actions ne fonctionneront pas, mais nous devons être courageux et apprendre des actions qui n’ont pas nécessairement donné les résultats escomptés. Je pense aussi qu’il est important de cesser une action qui n’est pas juste et de partager et expliquer pourquoi vous avez arrêté.
Par exemple, l’ESCP est un programme de certification, et dans nos premières opérations, nous mettions fin à notre relation avec un membre d’usine lorsqu’on trouvait des non-conformités graves liées aux normes de travail pour leurs employés. Nous continuons de mettre fin à cette relation uniquement lorsqu’ils refusent de remédier à la situation. Nous avons réalisé qu’il était bien plus judicieux de soutenir nos membres dans l’amélioration de leurs standards. En continuant à les engager, nous protégeons les emplois et améliorons les conditions de travail.
Nous changeons également leur statut en « in remediation », ce qui permet d’être transparent sur leur situation, mais qui témoigne en parallèle de leur engagement à améliorer les choses.
Je pense aussi qu’il est important pour les entreprises d’être claires sur ce que signifie réellement le succès. Fixez des objectifs, communiquez les progrès réalisés et rectifiez le tir lorsque cela est nécessaire.
Q : Quels sont les meilleurs canaux de communication pour ce type de message ?
Je dirais les canaux que vos cibles utilisent. Lorsque vous élaborez votre stratégie RSE, vous les avez certainement pris en compte donc vous connaissez votre public. Vos canaux de communication peuvent varier. Par exemple, les investisseurs peuvent vouloir consulter les rapports financiers de l’entreprise, tandis que les clients et les consommateurs se tourneront peut-être vers votre site web, vos contenus éditoriaux, ou obtiendront des informations via des associations professionnelles ou des conférences sectorielles.
Je vous conseille d’identifier vos parties prenantes prioritaires, puis de préparer un plan de communication et un budget qui garantissent qu’elles reçoivent les informations dont elles ont besoin de la manière la plus efficace possible.

ont besoin de la manière la plus efficace possible. "L'efficacité de votre chaîne d'approvisionnement est essentielle pour le succès de votre entreprise. Vous dépendez de vos partenaires d'approvisionnement, qui jouent un rôle crucial pour assurer que vous respectez vos obligations légales et réglementaires et que vous répondez aux attentes de vos clients et consommateurs."Carmel Giblin Présidente & CEO de l'Ethical Supply Chain Program
Q : Les entreprises doivent-elles être plus audacieuses dans la manière dont elles parlent à leurs partenaires de la chaîne d’approvisionnement ?
Absolument, oui ! L’efficacité de votre chaîne d’approvisionnement est fondamentale pour le succès de votre entreprise. Vous dépendez de vos partenaires d’approvisionnement, qui sont essentiels pour garantir que vous respectez vos obligations légales et réglementaires et répondez aux attentes de vos clients et consommateurs. Ils doivent savoir quels sont vos objectifs ESG et ce que vous attendez d’eux dans ce cadre.
Ils vous aideront à atteindre vos objectifs ESG, donc il est important de communiquer régulièrement avec eux pour montrer la valeur de leur soutien et comment cela vous bénéficie à vous deux.
Q : Et qu’en est-il de l’ESCP ? Comment gérez-vous la communication sur votre propre travail ? Les mêmes règles s’appliquent-elles ?
Oui, elles s’appliquent. En 2023, par exemple, nous avons annoncé notre ambition d’aider 30 000 enfants d’ici 2025. Nous avons publié notre rapport d’impact à la fin de 2023 et travaillons actuellement sur notre rapport d’impact 2024. Nous rencontrons aussi régulièrement nos parties prenantes pour partager des mises à jour sur nos différents programmes.
Nous sommes transparents sur ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. Lorsque les actions n’ont pas été couronnées de succès, discuter de cela avec nos parties prenantes nous aide tous. Nous pouvons adapter nos activités futures de manière éclairée et nos parties prenantes apprennent de nos erreurs sans les répéter – et elles ont confiance en notre sincérité.
Je suis sûre que nous pouvons faire mieux, et nous en serons conscients dans nos communications pour 2025. Nous apprenons toujours, et j’encourage tout le monde à voir cela comme une bonne chose.
Share this:

The author
Cindy est consultante RP senior au sein de Quatrième Jour. Elle est également responsable de notre agence de Casablanca.