Rapport ESG : un effort de synthèse qui en vaut la peine
By Cindy Mouchard
S i vous n’êtes pas légalement tenu d’établir un rapport sur les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) de votre organisation, devriez-vous quand même vous pencher sur la question ? Et si oui, quelle peut-être la meilleure façon de procéder et comment pourriez-vous porter vos actions à la connaissance de votre audience ?
Notre co-fondatrice et directrice Xanthe Vaughan Williams vous en dit plus dans cet article initialement publié sur StrategicHQ.
La pression réglementaire exercée sur les organisations pour qu’elles démontrent leur engagement en matière d’ESG varie considérablement d’un pays à l’autre, mais les attentes des consommateurs à l’égard des marques sont de plus en plus grandes. Les acheteurs sont de plus en plus attentifs aux différents labels de durabilité et d’éthique, et cela s’est renforcé depuis qu’ils ont connaissance qu’un certain nombre de grandes marques s’appuient sur des fournisseurs aux conditions de travail douteuses.
Paradoxalement, aux États-Unis, l’investissement durable n’est plus considéré comme une tendance, en dépit de l’opinion des consommateurs. Les six plus grandes banques américaines ont récemment quitté la Net-Zero Banking Alliance. BlackRock, qui a été pendant plusieurs années à la pointe du mouvement de l’investissement responsable, n’a fait aucune mention d’engagements ESG dans son rapport annuel 2024. Il n’en reste pas moins que le comportement des grandes marques américaines est toujours aussi scruté par leurs clients.
En Europe, en revanche, il est plus important que jamais de faire savoir que l’on possède des références en matière d’ESG. D’une part, de nouvelles réglementations plus strictes voient le jour. L’UE est en train de mettre en place sa directive sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD), qui renforcera les exigences en matière de rapports de durabilité, en particulier pour les grandes entreprises. Au Royaume-Uni, la loi sur les sociétés (Companies Act) oblige les grandes entreprises à rendre compte de leur engagement auprès des parties prenantes et de leur impact sur l’environnement.
Outre les exigences légales, il existe de très bonnes raisons d’envisager de publier votre propre rapport et de fixer des objectifs pour votre organisation. Tout d’abord, il s’agit tout simplement d’une bonne pratique commerciale. Une gouvernance solide, un taux élevé de fidélisation des employés et la prévention des dommages environnementaux devraient être des priorités pour toute organisation. Il n’y a aucun avantage financier à être poursuivi pour avoir rejeté des déchets toxiques, pour avoir rendu ses employés malheureux ou pour avoir mal tenu les comptes de son entreprise. En revanche, il est tout à fait justifié de rendre publics ses objectifs et ses réalisations dans ces domaines. Comme le savent les entreprises accusées d’« écoblanchiment », il est très facile de dire ce qu’il faut dans les déclarations générales, mais beaucoup plus difficile de tenir ses promesses écrites. En publiant des objectifs, une organisation est obligée de réfléchir à ce qu’elle peut réellement réaliser et est tenue responsable de son succès ou de son échec.
Pour les petites entreprises, qui ne disposent pas d’un cadre de reporting clair, il peut être difficile de savoir par où commencer, mais un nombre croissant d’entreprises proposent leur aide. Pour les entreprises dont le niveau d’émissions est important, il est essentiel de faire appel à un partenaire spécialisé pour les aider à effectuer les calculs délicats. En outre, le point de vue d’une personne extérieure peut s’avérer précieux pour définir la portée d’un projet et aider l’équipe de direction à fixer des objectifs.
Que vous décidiez d’opter pour une B-Corp à part entière ou de simplement publier une stratégie ESG, et quelle que soit votre taille, vous devez garder à l’esprit un certain nombre de points.
Établissez des priorités dans vos objectifs
Cette phase exploratoire est communément appelée « évaluation de la matérialité », bien que ce terme ne soit pas encore très répandu en dehors de la sphère ESG. Il s’agit essentiellement d’étudier vos parties prenantes, tant internes qu’externes à votre organisation, afin de déterminer les objectifs qui comptent le plus pour vous en tant qu’entreprise. Vous pouvez également consulter les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, qui peuvent vous indiquer par où commencer.
Mettez-les par écrit
Une fois que vous avez établi vos objectifs, évalué votre position actuelle et fixé des buts réalisables, il est important de les documenter. Créer une stratégie et la partager avec votre équipe, vos parties prenantes et la publier sur votre site web est une première grande étape en matière de responsabilité sociale et environnementale. Le processus se poursuit par un examen honnête des progrès de votre organisation, en tenant les mêmes parties prenantes informées et en veillant à ce que les informations soient facilement accessibles à ceux qui en ont besoin.
Communiquez avec soin et sans tomber dans le greenwashing
C’est dans la phase de communication que de nombreuses organisations échouent. La tentation de dire au monde entier que l’on fait ce qu’il faut peut être très forte mais attention au greenwashing. À titre d’exemple, lorsque la brasserie écossaise BrewDog a audacieusement annoncé la plantation de 500 000 arbres, dont la moitié était déjà morts, l’impact en termes d’image a été plus que négatif. À tel point que l’ancien PDG James Watt a déclaré que dépenser la même somme d’argent pour acheter de la cocaïne et des prostituées à Las Vegas aurait été moins dommageable pour la réputation de la marque. Se prévaloir d’une position morale élevée est une stratégie dangereuse.
L’honnêteté et la transparence sont les seules politiques de réussite en matière d’ESG. Il est essentiel de fixer des objectifs, mais aussi d’accepter que toutes les initiatives ne fonctionnent pas et d’admettre l’échec lorsqu’il se produit. Pour les grandes organisations, il est très difficile de contrôler une chaîne d’approvisionnement mondiale. C’est une bonne chose que les entreprises partagent les mesures qu’elles ont mises en place pour maintenir les conditions de travail et les normes environnementales chez leurs fournisseurs, mais il est également important de reconnaître que les entreprises ne sont pas en mesure de respecter les normes environnementales.
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The author
Cindy est consultante RP senior au sein de Quatrième Jour. Elle est également responsable de notre agence de Casablanca.